La vie ne serait-elle pas l'un de ces sentiers, déroutants, au profil
en dents de scie ? Un encéphalogramme, où sur les sommets
s'effeuilleraient un instant les délices, avant que subitement, telles
des larmes, entre nos doigts ils se glissent. Après tout, nul n'est à
l'abri ! Un petit rien, voire un grand tout, et nous voilà du jour au
lendemain en équilibre sur le faîte, à la croisée des chemins. Le cœur
suintant l'agonie dans une main, la tête ensevelie dans l'autre; n'être
plus qu'un pantin impuissant chahuté dans la tempête. En faut-il plus
pour inspirer ces conflits, entre un corps et son esprit ? Je veux
parler, pour être plus précis, de ces supplices engendrer par les
assauts de ces kilomètres de trop. Non, je ne pense pas...
Alors, nous y voilà, dans ce même pétrin. Et cela, que l'on soit jeté
dans l'arène du destin, un ballot entre les mains, effrayé en sursaut
par cette porte qui se claque dans notre dos ; ou sciemment sur ce
chemin, affublé d'un sac sur le dos, un dossard nerveusement froissé
entre les mains.
Se retrouver acculé, tel le gibier cerné par les chiens, et tenter l'ultime espoir du deal
d'un instant de répit. S'agenouiller, le front dans la poussière ou les
mains jointes (ô ferveur), pour troquer ces fluides salés qui fuient
nos regards et suintent de nos cœurs contre un peu de ce nectar aux
parfums de bonheur.
Puis attendre... le dos courbé, les yeux timidement levés, pour finalement, ne rien voir.
Dites donc ! Le Bon Dieu ne serait-il pas en retard ?
Espérer au moins la foudre et plisser les yeux en étirant lentement son majeur vers le haut...
Mais en vain.
Le corps intact sans le moindre bobo, n'avoir d'autre choix que celui
de concevoir ce trait d’orgueil de n'être que notre seul espoir. Décider
de choir ou d'avancer. De n'être qu'instrument ou musicien. Choisir ou
subir son propre destin. Voyons voir, entrons dans l'ultra et tractons
la prose un peu plus loin : accepter de n'être qu'instrument, et
choisir celui dit "à vent", car ce ne sera que d'un peu de souffle dont
il aura besoin pour fonctionner. Alors, que l'on se nomme Beckett ou
Jornet, c'est de cela qu'il nous faut, du souffle... et un peu de
courage pour se lancer au milieu de ces partitions aux accords nuancés.
Du courage, oui ; cette capacité de faire un pas là où d'autres
reculeront de trois. Le "courage", qui en décontraction de mot se
muerait en "cœur à l'ouvrage" pour une relaxation de nos maux.
Ainsi,
munis, de souffle et de courage, les talons aveuglés par le ravin ;
résoudre cette équation en une seule option « AVANCER », pour en deviner
la fin. Une impulsion primitive, une force de l'esprit. Un pas vers
l'avant, pour ne pas faillir, pour effacer le précédent, et insuffler le
suivant. Qu'importe la méthode, le geste et sa beauté, même si courir
ou marcher est toujours plus commode que de ramper. Avancer envers et
contre tout, jusqu'à la fin, et ne craindre que d'être à l'arrêt,
crucifié dans la boue, à seulement quelques pas,quelques heures d'un
bonheur certain.
Car avant c'est... une histoire qui est à présent terminée.
Et devant, l'espoir d'une nouvelle ligne d'arrivée.
Gribouille
Des Mots dans la Sueur
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