Je le sais bien qu'il fait froid, et que la pluie n'arrange rien à
cela. Que tu n'en peux plus, et que c'est tout ton corps qui est rompu.
Mais c'est ainsi lorsque l'on flirte avec moi, tu devrais le savoir.
Encore une fois ce matin, tu te demandes, tu me demandes autant que tu
m'appréhendes. Tu as le droit, tu le sais bien, de ces aventures avec
moi elle ne pourra t'en vouloir. Bien à l'abri, au chaud derrière ta
fenêtre, tu m'épies, je te guette, tu me jauges, et moi je me languis.
Cesse de cogiter et viens donc me retrouver. Seuls les lâches ont
l'excuse en apanage. Tu verras, ne sois donc pas sot, un pied suffit,
juste un pas sur ma peau pour laisser place à l'envie. Une fois là-haut,
dans le creux de mes bras, je te le promets, tu n'auras pas à le
regretter.
L'histoire tu la connais, mais s'il le faut,
pour t'y inviter, j'accepte une nouvelle fois de te la conter. Ferme les
yeux, détends-toi, et par ma voix laisse-toi doucement envoûter.
Ce sera mon souffle froid, dans ton coup et sur ton visage, qui
t'accueillera. Rien de bien agréable en soi, certes, mais juste assez
pour motiver l'accélération de tes pas. Puis mon odeur, comme une
caresse. Une volupté de senteurs dont tu aimes te nourrir jusqu'à
l'ivresse. Celle de mes forêts, au lendemain d'une nuit d'averses.
Celles de mes sentiers, de mes torrents gorger de pluie. L'odeur de tous
mes champs, de l'herbe et des fleurs humides portée par le vent. Je
t'offrirai plus qu'il n'en faut pour aiguiser ton envie, et pour que dès
lors, ce soit de ton plein gré que tu viennes me chercher. Je t'en fais
le pari.
Ainsi, satisfaite de t'avoir reconquis,
j’essuierai mes larmes, et mes splendeurs je te ferai découvrir. Ton
corps sur ma peau va s’accélérer, lentement, mais sûrement, au rythme du
plaisir que je te ferai ressentir. C'est là, à cet instant, qu'une
nouvelle fois tu vas te sublimer. A l'écoute de ton cœur, de ton souffle
et du moindre mouvement de ton corps tu vas t'élancer et abattre tous
ces obstacles que tu t'étais imaginer. Tu vas pousser, te contracter et
déchirer ma terre de la pointe de tes pieds. Tu vas bondir, contourner,
glisser, puis relancer sans jamais t’arrêter. Le souffle court, les
dents serrées, tu accéléreras où certains ne pourront que marcher et
rebondiras où d'autre ne feront que tomber. Puis, les doigts plantés
dans ma chair, le visage buriné, tu grimperas, avanceras et dépasseras
celles et ceux qui, genoux à terre, me supplieront de ne pas les
achever. Je viendrai virevolter autour de toi, sous tes yeux, à tes
pieds, loin devant toi, en haut et en bas, partout où ton regard perdu
me cherchera. La douleur ne sera plus qu'une option, une utopie; une
simple information que tu confineras dans ton esprit, comme un secret,
au plus profond.
Tu essuieras tes yeux qui te brûlent de
toute cette sueur que tu accumules. Puis, tu feras hurler tes cuisses,
tes ischios, tes mollets encore et encore pour atteindre ce point tout
là-haut, celui où tu sais que seulement là, tu auras le droit de
souffler. Ni la neige, ni la pluie, ni le vent que je pourrai lancer
contre toi ne pourront t’arrêter. Tu me rendras tous mes coups, même les
plus bas. Tes cris de rage feront fuir mon brouillard, mes orages. Tu
fendras mes pierres et creuseras mes sentiers, à coups de talon, à coups
de pied. Et ce sera dépouillé de toute once de fierté, rempli
d'humilité, titubant, les joues creusées, que tu te hisseras jusqu'à mon
sommet.
Les yeux brillants, tu me prendras de toute ton
âme. Puis, les bras en croix, le nez au ciel, tu virevolteras sur toi
même en te disant qu'il n'est rien de meilleur que cet instant-là.
Tu te retourneras une dernière fois, le regard malin, avant de basculer
dans le vide, comme un enfant que l'on lâcherait dans un magasin de
jouer. J'ouvrirai mes pistes, j'agrandirai mes espaces et je te
laisserai t'envoler, sans même avoir la crainte de ne plus te retrouver.
Alors, tu te laisseras glisser, tu fileras comme le vent et bondiras
sans jamais trébucher, à toutes vitesses, entre mes arbres, mes buissons
et mes rochers.
Sur le pas de ton chalet. Nous nous regarderons
une dernière fois, les yeux embués. Nous nous dirons simplement que
c'était effectivement là, maintenant qu'il fallait en profiter, sans
remords, ni regret, car demain ou plus tard, ne pourraient être que de
vains espoirs.
Il est maintenant temps que tu ouvres les yeux et que tu cesses de trépigner...
Gribouille
Des Mots dans la Sueur
Gribouille
Des Mots dans la Sueur
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire