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vendredi 21 février 2014

Pourquoi cours-tu comme ça ?

 

Pourquoi cours-tu comme ça ?
Demande souvent d'un air désabusé, le bipède Lymphatique du fond de son canapé.

  • Parce que, assis en tailleur comme un enfant avec un catalogue de jouet, j'aime faire des croix, entourer, cocher, et barbouiller le calendrier des courses de l'année.
  • Parce que j'aime galoper avec eux: chahuter, rigoler et sauter dans les flaques comme nous le faisions dans la cours de récré. Puis, soudain, voir à toute vitesse l'un d’entre-eux nous doubler comme un fou furieux, en criant « le dernier en haut paye l'apéro ! » et nous voir tous détaler comme des dératés, la langue accrocher à ses souliers.
  • Parce que j'aime m'assoupir en pensant à ce sommet que demain je m'apprête à gravir, ou à cette course qui porte chacune de mes foulées. Je ferme les yeux et m'imagine en train de courir, fléchir puis repartir. Mais ce n'est toujours qu'une fois la ligne d'arrivée franchie que je laisse Morphée m'envahir.
  •  Parce que j'aime ce rituel lorsque j'ouvre une nouvelle boite à chaussures, celui de dire « Salut les filles, vous savez que vous allez l'avoir dure?! »
  • Parce que j'aime me retourner en franchissant la ligne de départ, regarder cette arche et lui promettre que je ne serais pas en retard, que dans deux jours je reviendrai et que devant elle, certainement en larmes je m'effondrerai...
  • Parce que j'aime cette soupe que l'on nous sert au fond d'un bol, le meilleur des dîners que l'on puisse déguster en pleine nuit en haut d'un col. Cette soupe remplie de nouilles imbibées, qu'en temps normal, jamais on n’oserait servir à des invités.
  • Parce que j'aime cet instant, où mon corps m'abandonnant, je me dis "La course commence maintenant..."
  • Parce que j'aime entendre ta voix au téléphone, quand assis sur un rocher, je ne sais plus où j'en suis, que mon corps tout entier me supplie. T'entendre me dire "tu es le plus fort !" (me faire rire) et me dire que tu sais que je peux y arriver...
  • Parce que j'aime vivre ces moments à tes côtés: entrouvrir la tente, après une nuit passée tout là-haut, et contempler le soleil se lever, bien au chaud, au fond de nos duvets.
  • Parce que j'aime recevoir à minuit un texto : — demain matin. 6 h. Sortie Rando ? — et pouvoir répondre — No Problèmo ! — La regarder me faire la moue, car elle, demain, elle devra se lever tôt. Pas pour marcher, mais pour se rendre au boulot. Puis la voir sourire, après tout, en me disant "Tu m'enverras des photos ."
  • Parce que, lorsque je suis au plus bas, j'aime penser à toi, là-haut qui veille sur moi. T'imaginer en train de me regarder, ou être là, à mes côtés. Me mettre à te parler. Me souvenir à quel point tu étais fier de moi et sentir mes larmes monter... Me mordre les lèvres pour les retenir, puis lever la tête et te sourire. Me redresser, pousser sur mes bâtons, et te faire la promesse de ne jamais rien lâcher...
  • Parce que j'aime rentrer dans un restaurant, le visage buriné, clopinant, et me commander un burger géant, plein de sauce, dégoulinant ; sans culpabilité. Juste avec une petite pensée pour celles et ceux qui ne sont pas encore arrivés.
  • Parce que j'aime cette vieille corbeille pleine de tee-shirt Finisher. Un bien maigre tribut, rempli de souvenirs, de larmes, et de sueur. Pas de médailles, non, juste des bouts de tissu, parfois même pas à ma taille.
 Parce que pour vous, nous ne serions que des fous, en permanence en train de fuir la réalité. Parce que nous aimons vous laisser croire que vous détenez la vérité. Parce que cela nous fait sourire, et qu'il est encore plaisant de vagabonder dans ce monde si peu usité.

Vous n'avez toujours pas compris .

Alors, approchez-vous et écoutez-moi bien, je vais vous souffler notre secret:

...nous ne fuyons pas la réalité, bien au contraire, nous allons la chercher...

Comment ?
Cela ne vous avance en rien...

Oui, effectivement, en l'état vous avez raison... Car pour le vérifier, il faudrait avoir cette audace que vous n'avez pas.


                                                                                                                                  Gribouille 
                                                                                                                     Des Mots dans la Sueur


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