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vendredi 24 juillet 2015

S'enrichir en courant, le secret.





Ce fut à l’autre bout de la planète, dans l’un de ses replis épargnés de l'altération du monde, que mes pas bien trop exaltés se sont un beau jour égarés. D’une perpétuelle envie de courir, les pieds nourris par tant de beauté n’ont pu se retenir. Guillerets, les orteils en fêtes, l’amusement fut tel qu’ils s'enfoncèrent dans cette nature sauvage jusqu’à en omettre les conseils du petit Poucet.
Ce fut ainsi, à courir sans réfléchir dans une jungle austère qui leur était totalement inconnue que mes pas s’en retrouvèrent perdu ; mais éperdument résolu à découvrir ce qu'il pouvait y avoir de mieux au fin fond de cette inconnue.
Avec sagesse, comme à son habitude lorsqu’il est à la merci de ses pas, le visage se para d’un sourire audacieux. Le cerveau, quant à lui, se mit à faire de l’esprit ; excentrique certes, mais avec philosophie : « Qu’importe la destination pourvu que l’on ait l’ivresse », songea-t-il sans dosage de son élucubration, au grand dam de Monsieur Musset, et de son flacon.
Soudain, alors que le corps acceptait avec solennité de se vouer à cette inexorable dérive, apparu à la croisée de l’un de ces mille chemins, cette petite plantation de thé, perdue au milieu de rien.
Les yeux n’en revinrent pas. Ils s’accrochèrent tour à tour aux merveilleuses couleurs de ses champs, à la simplicité de ce petit village posé sur ses flancs, à ces hommes et femmes ouvriers, à leurs enfants, tous le visage illuminé d’un sourire à pleines dents.
Le cœur bouillonnant, les pas se hâtèrent, enivrés par l'arôme du Camélia fraîchement coupé. Au milieu de ces enfants, le corps s’abandonna en jeux, en rondes et en farandoles. Les oreilles ne purent s’ouvrir aux moindres paroles, mais le coeur comprit rapidement que tous ses yeux et sourires n’avaient jamais appris à mentir. Devant la richesse de ces instants il fit alors le plein de joie de vivre, de gestes simples et de sourires. Il s’en abreuva, comme un fou à la pépie jusqu’à ce que les yeux n’en puissent plus et débordent de perles d’émoi. Les mains se joignirent à d’autres et ce fut cette fois sur le bon chemin qu’à la tombée de la nuit les pieds furent remis.
Le cœur se dit alors qu’à certains moments, loin d’ici, au balcon des vanités, là où la soif ne s’assouvit que de potions futiles, abjectes et mercantiles, il sera bon de ressortir ces instants.
Il réalisa qu’il ne suffisait que d’un pas, celui qui allait s’égarer, celui qui allait emprunter cet autre chemin où les moutons n’osent s’aventurer, pour parfois découvrir la vie telle qu’elle est et s'enrichir, d'un geste de la main, d'un sourire.    

                                                                                                                               Gribouille
                                                                                                                    Des Mots dans la Sueur

 

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